intermède tragi-comique sur pas de deux

Ce matin j'ai eu un mal fou à ouvrir les yeux. J'ai rampé dans mon lit jusqu'à atteindre le réveil pour qu'il arrête de me vriller les oreilles. Je suis fatiguée. J'ai mal à la tête. Je suis sûre qu'il va faire beau et que je ne vais pas en profiter parceque je bosse aujourd'hui. D'aillleurs, il faut que je me lève. J'ai froid. Je m'enroule dans le dessus de lit avant de me mettre péniblement debout : pourquoi est-ce que j'arrive pas à dormir alors que je suis déjà crevée dès le réveil??? Quand est-ce que je vais arrêter de traverser les journées comme une furie? Je dois avoir l'air d'une déterrée, j'ai la bouche pâteuse, l'oeil cerné, le cheveux mou, le cerveau brumeux, bref, il y a des jours où je me dis que c'est pas plus mal de vivre seule, on peut rabacher des jurons et proférer des menaces à tous les chieurs à venir avec la voix grasse du petit matin, râler jusqu'à plus soif parceque le couloir qui mène à la salle de bain n'est pas chauffé, serrer le dessus de lit en grelottant, accélérer le pas et soudain c'est le drame : je me prends lamentablement le pied dans le dessus de lit et là vraiment personne pour amortir la chute... la chute emmaillotée dans son dessus de lit c'est quand même plus classe quand on est deux, non?

Juju Alishina, Ippei Hosaka (Cie Nuba)

(Photo : Site Cie Nuba)